CHACO (Argentine)

CHACO (Argentine)

CHACO, Argentine

En Argentine, la province du Chaco (99 633 km²) comptait 799 000 habitants, selon le recensement de 1991; c’est une partie de l’ample région géographique du Chaco, mais elle en constitue la seule construction humaine solidement organisée, à l’évolution particulièrement significative.

Après le refoulement des Indiens au nord du Bermejo, entre 1880 et 1890, le territoire a été livré à une exploitation forestière de type minier (abattage du quebracho pour extraire le tanin, évacué par la voie ferrée de Santa Fe et par les embarcadères du Paraná-Paraguay). Simultanément, les éleveurs s’installaient sur les savanes inondables et sur les espaces déboisés. La crise de débouchés du tanin a tout effacé de cette épopée pionnière conduite par de grandes sociétés étrangères; seuls subsistent quelques usines d’extraction et chantiers: en se retirant, la principale compagnie n’a laissé qu’un désert végétal et humain. L’élevage bovin, pratiqué sur de vastes estancias naisseuses, continue à enrichir bon nombre de propriétaires qui résident à Resistencia ou à Buenos Aires. Au nord-ouest de ces zones forestières et pastorales commence le Chaco intérieur actif et peuplé, celui où se sont installés des colons de toutes nationalités chassés d’Europe et de la Pampa par les crises des années 1925-1940. Sur une légère dorsale, assez bien drainée mais où les pluies sont déjà insuffisantes et irrégulières et les gelées menaçantes, les colons ont défriché et planté en coton plusieurs centaines de millions d’hectares dans des zones pour la plupart marginales. Ce cycle du coton s’est achevé en raison, d’une part, de la dégradation de la qualité et, d’autre part, du volume excessif de la production par rapport à la consommation intérieure. On a recherché une issue à la crise dans la diversification des productions agricoles (blé en hiver, maïs et sorgho en été, élevage intensif sur des parcelles fourragères), mais ces orientations exigent une réforme agraire accordant aux planteurs des exploitations viables ainsi qu’une organisation appropriée de l’encadrement financier, commercial et technique.

Le Chaco se trouve donc confronté à une violente crise agraire et sociale rappelant celle qui frappe Tucumán. Plus encore qu’à Tucumán, l’économie provinciale est dans la dépendance de Buenos Aires (et dans une faible mesure de Santa Fe), où se trouvent les industries de transformation de l’agriculture régionale (filatures, tissages, huileries, frigorifiques) et d’où proviennent tous les produits de consommation. La crise de la monoculture cotonnière et le blocage agraire entraînent une large émigration vers Buenos Aires, hémorragie à laquelle, seule, échappe Resistencia, le chef-lieu provincial dont l’agglomération était estimée à 218 000 habitants en 1991. La capitale pionnière étend son rayonnement à l’ensemble du Nord-Est en exploitant au maximum sa position carrefour, à la tête du faisceau de routes tracées à travers l’espace chaquéen, au contact de la voie fluviale du Paraná (aménagements portuaires et industriels de Barranqueras) et contrôlant l’unique liaison routière vers Santa Fe et Buenos Aires. Achevé en 1973, le pont jeté sur le Paraná relie directement la capitale du Chaco à la prestigieuse ville coloniale de Corrientes, chef-lieu de la province homonyme.

Encyclopédie Universelle. 2012.